Elle vend les gadgets coquins "comme des baguettes de pain'
Publié le lundi 31 janvier 2011 à 11H35
Rencontre avec la gérante de la plus ancienne boutique érotique du secteur
Si la crise a jeté un coup de mou sur l'économie, Michelle, la gérante de la boutique érotique "le Taboo", ne compte pas rester impuissante. Elle lance même son "love shop" dans une expérience nouvelle pour faire face à la conjoncture en berne. "C'est la première fois en quinze ans que je solde mes produits, raconte-t-elle. Après tout, il n'y a aucune raison pour que ma boutique ne le fasse pas tout autant qu'un magasin de vêtements."
"Depuis la crise, il n'y a plus de pics d'affluence. Avant, ils avaient lieu les samedis. Là, on sent que ça repart, même si ça ne marche plus comme avant. J'avais un employé, mais j'ai dû le licencier en 2009. À présent, je fais tourner les affaires avec mon mari." Peut-être que cette opération pourra relancer l'activité. En tout cas, ce sont chaque jour une dizaine de clients qui arpentent les lieux. Du côté du rayon DVD, quelques-uns guettent la bonne affaire, un peu comme la ménagère le ferait sur un marché. Ça palpe et fouine dans le rayon jusqu'à trouver son bonheur. D'autres font leur choix parmi des objets exposés en vitrine comme des trophées.
"Mon client doit trouver ce qu'il cherche, qu'importe la taille"
Pour attirer ce beau monde, Michelle peut compter sur l'aide d'émissions spécialisées."La chronique de Brigitte Lahaie sur RMC nous fait énormément de bien ! Certains clients recherchent des produits après en avoir entendu parler dans une émission de sexologie."Qu'ils soient ouvriers, cadres ou retraités, ces hommes et femmes âgés de 18 à 78 ans sont tous prêt à faire de la route, seul ou en couple, pour s'approprier leur Graal dans l'un des très rares sex-shops du pourtour de l'étang. "Certains viennent exprès de Salon ! À vrai dire, ma boutique leur rend service, sinon ils seraient obligés de se rendre à Avignon pour trouver se qu'ils recherchent!"
Ces derniers ne risquent pas d'être déçus du trajet puisque cette caverne d'Ali Baba classée X regorge de près de 1300 DVD et 1500 gadgets en tout genre (lingerie, aphrodisiaques, sextoys...) Leurs péchés mignons sont les stimulants pour "améliorer les performances" qui arrivent en tête des ventes. "Mon but, c'est de faire en sorte que lorsqu'un client entre en magasin, il trouve ce qu'il cherche, qu'importe la taille. C'est comme dans n'importe quelle boutique. Quand vous allez acheter un jean, si vous ne le trouvez pas, vous irez voir ailleurs, même si on peut toujours vous le commander. C'est pour ça que je dois me procurer des gadgets insolites pour que tout le monde puisse trouver son compte. De toute façon, tout se vend !"Pourtant, comme beaucoup de monde, Michelle n'était pas aussi ouverte d'esprit. "Quand j'ai lancé cette boutique, je craignais de porter une étiquette. J'avais honte d'ouvrir un magasin de ce genre." Une mentalité qui a évolué avec le temps. "Maintenant, je m'en fous. C'est comme si je vendais des baguettes de pain. On s'aperçoit petit à petit qu'il n'y a pas de honte à avoir! Mes préjugés sont tombés. En fait, cette aventure a été une excellente chose pour moi!"
"On ne parle jamais de sexe ici!"
Et cet état d'esprit se répercute sur ses méthodes de vente."Je ne porte aucun préjugé sur mes clients. Je ne regarde même pas ce qu'ils achètent! Ils peuvent prendre des gadgets de n'importe quelle taille, je me fiche de ce qu'ils peuvent en faire... De toute façon, ça reste anonyme."Mais ce n'est pas parce que le secret est de mise et que les clients sont couverts d'anonymat que tout est permis."Ici, ça reste familial. On rigole avec les gens et on les met à l'aise. Mais on ne fait pas de rencontre! Il n'y a même plus de cabines de visionnage. Et encore moins de services annexes."
Des règles implicites régissent même la relation client-vendeur. "On ne parle jamais de sexe ici!"Chose ironique pour une boutique olé olé. "On aborde tous les sujets, on rigole, mais je veille à garder cette barrière avec le client."C'est sûrement cette mentalité qui explique que Michelle n'ait jamais rencontré le moindre problème, insultes ou autres gestes déplacés.
Même si certains clients l'ont marqué plus que d'autres. Comme celui qui s'est vu refuser l'échange d'un sextoy pas assez grand ou ces couples jouant avec des oeufs érotiques télécommandés... en dînant dans un restaurant.